Scandale: Victimes des administrations locales, on leur coupe l’électricité à nouveau! A peine le courant rétabli, leur chauffe-eau rend l’âme! La police locale recherche activement le marabout qui leur aurait jeté un sort…
Voilà deux mois, ils avaient vécu 24h dans le noir. Le mois dernier, ils étaient à deux doigts de ne plus avoir d’eau. Aujourd’hui, 48h après avoir récupéré le courant (pour la deuxième fois), c’est leur chauffe-eau qui les lâche, les laissant sans eau pour le pont de la San Fernando. La scoumoune a la vie dure chez les expats’…
*Ceci n’est pas une fiction, promis juré craché*
La scoumoune… si j’avais eu plus de culture cinématographie, il y a la moitié de ma vie (c’est à dire vers 13 ans, lors de ma confirmation), je ne me serais probablement pas présentée comme « Bonjour, moi c’est Mallorie mais on m’appelle Pasdebol », mais « Bonjour, moi c’est Mallorie, appelez-moi La Scoumoune, ça risque pas de me lâcher de sitôt! »
Il se fait que, entretemps, la scoumoune n’étant pas l’apanage des seules jeunes filles en fleurs et que j’ai réussi à décider de passer ma vie avec Mr Scoumoune (oui, ça me déculpabilise de le croire), la scoumoune étant par ailleurs un paramètre exponentiel au carré (oh, c’est bon, j’ai pas fait les maths non plus), bref… la scoumoune ne nous lâche plus depuis un temps certain!
Reconstitution des faits:
Coupure d’électricité inopinée. Nous pensons d’abord à une panne dans le quartier (les marteaux-piqueurs s’acharnaient dans la rue, pourquoi pas?)… C’est en constatant que la panne généralisée se concentrait principalement sur le périmètre délimité par les murs de notre appartement que nous avons l’idée géniale et saugrenue d’appeler la Société Sévillane d’Electricité (Endesa pour les intimes).
Compte-rendu de la conversation téléphonique, du côté Endesa (les ** sont de moi):
Ah ouiiii, mais madame, en fait ce sont les factures de novembre et janvier qui sont impayées *Ben… on a quand même fait transférer la domiciliation sur notre compte en arrivant en novembre, alors quoi?*… Ah ouiiiiii, mais non en fait, madame: comme le titulaire de la police Endesa ce n’est pas vous…. on n’a pas pu le faire, en fait! *Et fallait surtout pas prévenir, non plus… pourquoi on n’a pas reçu d’avis avant la coupure? Même pas un rappel?* Ah ouiiiiii, mais madame, si vous ne regardez pas votre courrier au C/Reposo 6/103, ce n’est pas de ma faute! *003, pas 103, pauv’ tache…*
Bref, comme on a un proprio aussi chou qu’un bisounours, il s’est « occupé de tout » pour qu’on n’ait plus ce problème…
- INTERMÈDE de mars: l’histoire de la coupure d’eau – ou comment le télétravail peut vous sauver la douche
11h – on sonne à la porte… Entre deux réunions virtuelle, la Mallo n’a pas peur d’ouvrir la porte (geste de premier secours) pour réceptionner un avis : « Note aux occupants: si avant 14h vous ne vous êtes pas rendu au *adresse à l’autre bout du monde de Séville* pour payer les 36 EUR de la facture de septembre (!), l’eau sera coupée à 14h02 ».
Quelques réunions plus tard, toutes voiles dehors, direction l’autre bout du monde de la terre de Séville, pour payer. Il est 13h34 lorsque le guichetier m’annonce que oui, effectivement il s’agit de la facture de l’ancienne locataire, mais que voilà, c’est aux occupants qu’on coupe l’eau, c’est tout *et on reçoit pas d’avis? Ok, laissez tomber…*
Facture payée dans les temps, je rentre un peu après 14h et prends une petite douche pour fêter ça!
Maintenant qu’on sait que l’administration nous en veut, plus rien ne nous échappe… cette facture Endesa (pour l’électricité, qu’on vient de vous dire) qu’on reçoit *ô miracle* par le courrier du matin, stipule « La somme de autant sera automatiquement débitée à partir du 8 avril sur votre compe bancaire, nº machin ». Le nº est le bon *ô double miracle*, une épine de moins dans le pied… (c’est beau l’utopie)
Il n’est pas 10h quand le modem fait « fiouuuuuu », signe qu’il fait faim, et que l’alimentaition électrique est en rade. Je constate ensuite que la panne n’est pas uniquement localisée à la prise du modem, mais qu’elle s’étend jusqu’aux limites des murs de l’appartement. Une sueur froide m’envahit, accompagnée de ce sentiment de « déjà-vu » qui me projette pile 2 mois en arrière.
Cette fois, un joli autocollant orange a été aposé sur le compteur à l’entrée, expliquant les démarches à faire pour récupérer son courant (et son travail).
Dans l’ordre (parce que c’est pas l’Europe, faut pas espérer):
– Retirer la somme due à la banque (après avoir fait la file derrière 20 abuelas qui viennent retirer leur pension en billets de 5 euros)
– Se rendre à la Poste pour (après avoir fait la file) payer ce montant qu’on trimballe dans sa poche depuis l’autre bout de la ville
– Courir au bureau de Endesa avant sa fermeture (bande de fonctionnaires!) pour 1/donner la preuve de paiement de la facture et avoir une chance de récupérer le courant dans les 24h… 2/essayer d’avoir une explication un peu censée à ces questions: Pourquoi la somme n’a pas été débitée du compte comme prévu début avril? Pourquoi nous ne sommes jamais prévenus quand on vient nous couper l’électricité?
Compte-rendu de la discussion (les ** sont toujours de moi):
Ah ouiiiii… je vois, comme le titulaire du compte en banque n’est pas le propriétaire de l’appartement, qui est titulaire de la police Endesa, votre banque a sûrement dû refuser de faire ce versement… *Et non, ils n’auraient pas pu m’appeler ou m’envoyer un courrier pour demander « Madame Smets, ce virement là, pour Endesa, vous êtes sûre qu’on doit vous le débiter? »… de toutes façons, SMETS c’est trop difficile à épeler ou prononcer alors on m’appelle pas…*
Je repars, guillerette, avec la promesse que dans 24h j’aurais le courant à la maison. Direction les cybercafés de la ville (il faut bien bosser), jusque 19h30 au moins, puis retour au bercail, où m’attendent
– Marc
– un petit autocollant orange (je commence à ne plus les aimer), disant: « nous sommes passés à 18h40 remettre le courant, il n’y avait personne pour ouvrir, veuillez appeler le nº untel entre 13 et 14h ou 18h30 et 19h30 pour reprogrammer une visite »
J’ai le pressentiment étrange que ce n’est pas fini…
Nous dînons aux chandelles et camping gaz, c’est fou ce qu’on s’habitue à la précarité.
Alors que Marc s’enfuit dans un hôtel 4 étoiles à Valence pour « travailler » quelques jours, je squatte chez l’ami Antonio, grâce à qui je ne perds pas (tout de suite) mon boulot.
13h, première tentative d’appel pour récupérer le courant.
Compte-rendu… (bref, vous connaissez la chanson):
Ah ouiiiii, mais il est venu à quelle heure le technicien, hier? 18h40? Ah ouiiiiii, mais non, il faut rappeler entre 18h30 et 19h30 alors, parce que vous comprenez, ils faut que ce soit le même électricine qui revienne… *Non, je ne comprends pas bien, mais soit, le désespoir fait dire des imbécilités comme « d’accord, je rappellerai »*
18h30…
Ah ouiiiii, je me souviens, vous avez appelé ce midi! *C’est ça…* Je peux avoir votre adresse? Ah ben, madame, votre adresse n’est pas dans nos fichiers…
De deux choses l’une: ou la fatigue due à mes courses poursuites dans les rues de Sévilles pour payer dans les temps a eu raison de mon mental, ou ma rue et mon bâtiments n’existent réellement pas, ce qui ne laisse présager rien de bon quand à mon état mental.
Je vous rassure, la brave dame me rappelle 10 minutes plus tard, l’air de rien, en me disant qu’un technicien passerait le lendemain entre 8h30 et 9h, et que j’aurais intérêt à être là pour lui ouvrir la porte, sinon je continuerais à pourrir leurs journées encore longtemps.
C’est comme ça que le 28 mai, au bout de 48h sans courant, la lumière fut…
On ne vous a pas dit? C’est férié aujourd’hui! San Fernando, patron de Séville, voilà pourquoi Marc est rentré hier soir de son voyage avec des (4) étoiles dans les yeux.
Jour férié donc. Fallait bien qu’il nous arrive quelque chose de follement excitant, non?
Une fuite de chauffe-eau, ça vous va? De celles qui ont le temps de transformer tout le couloir en pataugeoire le temps qu’on coupe l’arrivée d’eau, ça vous va toujours?
Boh, rien de grave, à part qu’on devait faire 10 000 lessives (rien de grave, parce que de toutes façons, on a *encore* perdu la bonne clé du toit, pour faire sécher le linge).
Et comme on est vendredi férié, on nous envoie qq’un seulement lundi matin pour faire un devis pour un nouveau chauffe-eau (c’est notre proprio-bisounours qui a dit ça… « faites mettre un nouveau, je le paye! »).
Voilà, pour ceux qui ne croient en rien, je peux vous affirmer: LA SCOUMOUNE EXISTE, ELLE VIT SOUS MON TOIT!
(mais je me sens moins seule depuis que j’ai découvert le strip-blog de Soph’, Les toujours ouvrables… <– tu cliques sur le lien, s’il te plait, elle est probablement encore plus scoumounisée que nous, on lui doit bien ça)