Et oui, à peine rentrés de vacances (quelles vacances?) et déjà Nowël sonne à notre porte… « Allez zeg, et Saint-Nicolas, alors? ». On n’oublie pas le grand saint, mais entre le 6 décembre décrété jour férié pour cause de « Constitution » et le manque cruel de cheminées, il faut remettre à un peu plus tard la venue du vieux gentil monsieur et de compère-fessée.
En attendant le 6 janvier, où ils ne sont pas 2, mais 3 (les Rois Mages) à rendre visite aux enfants, il nous reste la perspective de Nowël. Alors, c’est comment Nowël à Séville? Très différent de Nowël à Almería , puisque si notre mémoire ne nous fait pas défaut, nous avions mangé notre « pizza de Nowël » sur la plage, et digéré en faisant une petite partie de pétanque-sur-sable (il me semble bien que le lancer de bûche a eu lieu le lendemain ou surlendemain).
Mis à part ce détail festif et culinaire, c’est bien la même ambiance que nous retrouvons ici à Séville: les décorations de palmiers, les vendeurs de châtaignes qui enfument les rues, les crèches qui sont la vitrine du bon goût artisanal andalou.
Des photos? Ça tombe bien, nous avons sorti hier l’attirail du parfait touriste pour vous donner envie…
A Séville (et dans toute l’Espagne d’ailleurs), pas de Nowël sans crèche! C’est l’attraction principale, qui réunit très kistch et kitsch tout court, et rassemble des générations entières de grands-parents et petits-enfants émerveillés: « Mamy, y sont où les poissons? ». Les banques investissent votre argent pour vous faire profiter d’une mise en scène plus grandiose chaque année, et surtout plus grandiose que la banque d’à côté (et je peux vous dire qu’il y en a des banques, par ici!).
Bref, il est parfois plus sage de se contenter d’un aperçu de la petite crèche organisée par la municipalité, où il ne faut pas faire la queue pour voir l’enfant Zésus.
Parfois, comme c’est le cas ici, on se rend compte que quel que soit l’angle de prise de vue, le cher ange dans son couffin est toujours caché par une colonne. L’an prochain, je demande à ma banque d’investir dans une crèche d’où on arrive à le voir, na!
On vous parlait des fameux poissons, les voilà!
Un peu plus loin, sur une place à l’arrière de l’hôtel de ville, c’est la grande enfilade de stands d’artisans-créchiers. En vue d’ensemble, ça donne ça:
Et de près, mes aïeux! ça donne à peu près ça:
Un peu fouillis, peut-être? Et je soupçonne de moulin à vent d’être une intrusion Don Quichotesque bien espagnole, comme on mettrait volontiers un cornet de frites dans les mains du divin enfant…
Et si on regarde de beaucoup plus près, on s’aperçoit qu’on peut finalement faire des crèches plutôt originales, si on prend la peine de bien choisir ses personnages…
Bon, ce serait très réducteur de ne parler que des crèches, bien qu’elles soient omniprésentes dans le paysage de saison. On a aussi droit, depuis l’arrivée du froid (début novembre – on entend par « arrivée du froid » les premières journée où le mercure descend sous les 20º), aux nombreux marchands ambulants qui enfument les rues de la ville sous le prétexte vaseux de vendre des châtaignes. Je n’aime pas les châtaignes, mais j’aime leur bric-à brac…
C’est fou les différences culturelles qu’il peut y avoir à 2000km de distance! Alors que vous êtes tous en train d’accrocher votre « Père Nowël escaladeur » au balcon (vous rêviez d’un Saint Nicolas, mais tout le monde sait qu’une fois les premiers remontants pris, Saint Nicolas ne grimpe plus pour passer par la cheminée mais prend l’ascenseur comme tout le monde), nous avons ici la version toute locale: les « Rois Mages escaladeurs », qui un mois avant la date fatidique de remise des cadeaux, s’entrainent déjà vaillamment.
Et que serait Nowël sans les décorations lumineuses des rues commerçantes et des bâtiments de la ville! Que tous les spécialistes belges en prennent de la graine (je pense à quelqu’un en particulier), personne n’est aussi fort que les Sévillans pour allier sobriété et tradition…
Pas beaucoup de sapins par ici pour accrocher les loupiotes, mais on fait avec ce qu’on a et ça donne un cachet tout particulier:
Sans compter l’hôtel de ville, qui met son habit de lumière comme pour sortir en boîte (oui, sobritété et tradition, mais modernité et « ça pique aux yeux » parfois aussi)
Et enfin, l’invité culturel de Nowël (je n’allais pas passer sa venue sous silence): Monsieur Rodin, le sculpteur, qui est venu nous présenter ses toutes dernières œuvres, exposées sur la Plaza Nueva jusqu’à nouvel ordre, son fameux « Penseur » (-« El pensador »-) étant particulièrement mis en valeur à l’entrée de la dernière boite de nuit à la mode…
Enfin, nous avons eu la confirmation de la bouche même de son auteur, sic – « Le penseur n’est pas forcément ce qu’il donne l’impression de représenter« … ah bon, je le trouvais plutôt représentatif de son domaine d’activité, pourtant…
Amis de la culture, amis tout court, le voyage de Nowël à travers la culture s’achève ici. Nous vous remercions de votre attention toute concentrée sur les mots et les images et espérons que cette visite guidée vous donnera envie de voir tout ça de près une année ou l’autre.
Avertissement: nous sommes complets pour Nowël 2008 – un Nowël en famille avec nos petits parents que nous attendons de pied ferme…
Avertissement bis: il semble couramment admis ici que les petits hôtels familiaux ferment leurs porte la nuit du réveillon de Nowël, ce qui est forcément très pratique lorsqu’on réserve la semaine du 22 au 29. Ils sont fous ces Sévillans!